L'esprit de Paris  

SI JAMAIS …
branche bien habillée

HABIT, COSTUME

Avant : le mot habit, contrairement aux apparences, n’a rien à voir avec le mot habiller.

Ces deux mots n’ont pas la même origine.

Habit vient, comme habitude, du latin habitus (manière d’être, costume).

Habiller signifiait préparer une bille de bois.

Quand on était pauvre, on le portait sur toute sa personne, à commencer par son habit.

Car si l’habit ne fait pas le moine, il faisait en tout cas la condition sociale, à laquelle il est resté indissolublement lié, de l’Antiquité aux temps modernes.

Chez les Romains déjà, la couleur de la toge variait en fonction de l’âge et de la classe sociale.

Au Moyen-Âge, chaque profession avait sa tenue : bonnet rouge et tablier pour les vinaigriers, par exemple…

La jaquette était alors le vêtement des jacques. c’est-à-dire des paysans.

Des paysans vêtus comme des citadins, ou des roturiers parés comme des nobles, de telles choses étaient alors tout bonnement impensables.

Quant au chandail, c’était au XIXe siècle le tricot porté par les marchands d’ail aux Halles de Paris.

Costume est la traduction italienne de coutume.

Dans la comédie italienne au temps de Molière, en effet, chaque personnage portait le vêtement traditionnel de son état ou de sa profession, qui le situait instantanément aux yeux des spectateurs.

Il y avait aussi Pantaleone, personnage bouffon dont les chausses tombaient droites jusqu’aux pieds, à une époque où les hommes portaient des bas et des hauts-de-chausse.

C’est dans ce contexte peu glorieux qu’est né notre pantalon.

Encore moins glorieuse est l’origine de la robe, du germanique rauba (butin) auquel on doit également le verbe dérober.

Au XIIe siècle, le nom représentait en effet les vêtements pris comme butin.

« De robes et de manteaux j’en chargeai trois chariots » nous dit encore la chanson de Mandrin au XVIIIe siècle ; puis cette robe est devenue le vêtement dont on a dépouillé quelqu’un, et de là un vêtement en général, sans distinction de sexe d’ailleurs.

Pas de discrimination non plus pour la jupe, de l’arabe djubbah (veste du dessous), vêtement unisexe jusqu’au XVIIe siècle où le mot a pris sa signification actuelle.

Notre jupe actuelle s’appelait cotillon au XVe siècle, mais lui-même vient de la cotte, tunique portée indistinctement par les hommes et les femmes.

Il semble décidément que le Moyen-Âge ait été moins sexiste – en matière d’habillement tout au moins – que les époques ultérieures, comme le note Claude Duneton.

De la jupe arabe au pantalon italien en passant par la robe germanique, on ne saurait mieux résumer un millénaire d’emprunts à des peuples étrangers.

Emprunts qui ne furent pas que linguistiques au demeurant : on importait la chose en même temps que le mot.

Actuellement, on parle plus de « prêt-à-porter » que de « sur mesures ».

Les nombreux magasins de « fringues » qui se succèdent, crise oblige, sont là pour en témoigner.

Qu’ils soient fabriqués au Bangladesh, en Inde, ou au Maroc, ces habits « de tout poil » sont peut-être d’un prix avantageux (et là, il ne faut surtout pas penser dans quelles conditions ils sont fabriqués et garder un œil d’autruche sur ce sujet, sinon…).

Quoiqu’il en soit l’habit d’avant n’a plus grand-chose à voir avec l’habit de maintenant.

En apparence anarchique, affranchie et irrévérencieuse, la mode actuelle favorise pourtant l’appartenance à des clans et des tribus préconisant et valorisant les signes extérieurs à des groupes porteurs d’identités multiples et opposées.

Le phénomène de mode le plus marquant du début des années 2000 reste cependant le triomphe et l’omniprésence des fabricants de vêtements sport aux dépens des designers de prêt-à-porter, de jour comme de soir.

Voilà. Il y a de quoi aller… se rhabiller !

PROPRETÉ, HYGIÈNE, TOILETTE

Avant : à l’époque, comme le note honnêtement Marco Wolff dans son livre « J’te raconte pas », on était encore loin de penser à l’hygiène.

L’aspect convenable était celui de l’habit seulement, comme dans Le Bourgeois gentilhomme : « Comment, monsieur Jourdain ? Vous voilà le plus propre du monde ! »

À l’époque de Molière, l’élégance faisait bon ménage avec la saleté corporelle ; la propreté version moderne commençait pourtant à pointer son nez, on utilisait çà et là « propre » pour désigner ce qui n’a pas de trace d’ordure, de crasse.

Mais il faut attendre le XIXe siècle pour voir s’imposer l’acception « qui se lave, qui a de l’hygiène ».

Il semble bien que cette évolution sémantique de propre soit… propre (!) au français.

Là où nous n’avons qu’un adjectif, l’anglais en a trois : clean (qui se lave), own (propre à une personne), proper (sens propre d’un mot).

L’allemand a sauber, eigen, l’italien pulito, proprio, etc.

Il serait toutefois hasardeux d’en tirer des conclusions sur le plus ou moins grand degré de propreté des différents peuples européens au cours des âges.

L’hygiène, du grec hugieinon (santé), est un terme médical qu’on trouve au XVIe siècle sous la plume du chirurgien Ambroise Paré : l’ensemble des principes à respecter pour être en bonne santé, sans que l’accent soit mis particulièrement sur la propreté corporelle.

Cette dernière ne passera au premier plan qu’au XIXe siècle, en même temps que le mot hygiène entrera dans le langage courant.

Toilette n’a d’ailleurs pris son contenu actuel qu’au XIXe siècle.

Le mot a d’abord désigné une petite pièce de toile, puis des objets de parure.

De la toile, le Robert historique nous apprend qu’on est passé à la toilette dans le sens : vêtements que porte une femme.

De la parure, on en est venu au meuble sur lequel on place ce qui est nécessaire à se parer, mais aussi (XVIIe-XVIIIe) à l’action de se préparer pour paraître en public (se peigner, se farder, s’habiller).

Dans tout cela, il n’est nulle part question de se laver.

Il en est question dans une prière que les prêtres catholiques récitaient autrefois avant la consécration du pain et du vin : « Je laverai mes mains parmi les innocents ».

En. version originale : lavabo manus meas.

On lui doit notre lavabo, initialement destiné au lavage des mains uniquement.

Pour les autres parties du corps, les curés ont toujours prôné la modération, l’Église ayant par ailleurs interdit les bains publics au Moyen-Âge.

On connaissait pourtant le savon depuis le temps des Romains, où il était fabriqué à base de cendre et de graisse animale.

Son usage n’a pas disparu au Moyen-Âge – pour la lessive essentiellement, car les vêtements durent plus longtemps quand on les lave.

On ne savait pas encore que cette propriété s’applique également au corps humain.

Si l’adjectif propre a mis huit siècles pour acquérir son statut actuel, sale, au contraire, est tranquillement installé dans notre langue avec le même contenu depuis l’origine.

Comme il représentait l’état normal, on a cru bon de lui adjoindre, à la fin du XVe siècle, un superlatif emprunté au latin, sordide (d’une saleté repoussante) indique le Petit Robert, mais aussi qui dénote une misère extrême, comme si l’un n’allait pas sans l’autre.

Maintenant : encore une fois, Wikipedia vole à notre secours.

Car aujourd’hui, maintenant, dans le présent qui file vers le passé, quelles sont et comment suivre les règles d’hygiène ?

Surtout après le syndrome du Covid 19 ?

Avec assurance et fermeté, Wiki (pour les intimes) nous assure que la propreté est l’absence de salissure, incluant poussière, tache, et mauvaises odeurs.

Elle implique des procédés de nettoyage, notamment dans le domaine de l’hygiène alimentaire (« élimination des souillures, des résidus d’aliments, de la saleté, de la graisse ou de toute autre matière indésirable »).

On peut parler de propreté pour un organisme vivant (homme, animal de compagnie) ou pour un lieu, une pièce.

Dans les périodes plus récentes, avec la théorie des maladies transmises par les germes, il signifie aussi une absence de virus et bactéries pathogènes.

Les experts recommandent dans la mesure du possible d’intégrer le risque sanitaire, et le nettoyage dès la conception des locaux, notamment de l’agroalimentaire.

Dans tous ces domaines d’activité l’hygiène est de plus en plus responsable.

On parle alors de Nettoyage écologique dans l’hygiène durable.

Les degrés de propreté sont très différents selon les activités, puisque cela peut aller jusqu’à la propreté atomique des surfaces dans les processus industriels.

La propreté permet d’obtenir des propriétés particulières de certains matériaux : par exemple, pour obtenir la transparence des vitres ou la propreté de miroirs, prismes, lentilles dans le domaine de l’optique, ou pour un lieu, une pièce.


Et bla-bla, et bla-bla…

On est farci de conseils bien intentionnés.

Nous sommes vraiment de petits vernis...



Source :

Pascal Henchoz
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