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L'esprit
de Paris
AMOURS, TOUJOURS ET JAMAIS…
Par réflexe, je me retourne sur une femme.
Est-ce pour sa silhouette, est-ce pour son parfum ? Ou pour un geste, une expression qui accrochent mon regard ? A cet instant-là, je ne le sais pas encore… Incidemment, que devons-nous faire des rencontres qui nous tombent dessus, sans que nous n’ayons rien demandé ? Il y a de la surprise quand quelqu’un nous attire. Comme une chance ou un destin. Négligeable lorsqu’il ne nous concerne pas, le penchant amoureux devient très important quand il nous fait des clins d’œil. L’agrément éprouvé pour quelqu’un d’inconnu vient parfois d’un petit geste, d’un sourire, d’un parfum. Un léger presque-rien, mais qui fait presque tout. On ne peut plus l’arrêter. Certains se moquent d’Amour et le rendent vulgaire. Qu’ils ne s’étonnent pas ensuite si ce dieu les délaisse. Nos romans, nos légendes et nos rêves montrent qu’Amour vit dans nos mémoires. Il vient des premiers hommes et des divinités de l’Olympe. Zeus, aux ardeurs magiques, envoie éternellement son foudre sur les cœurs pour les faire s’unir. Certes les béotiens peuvent croire qu’aimer ne veut rien dire : ce ne serait rien d’autre qu’un besoin instinctuel. Mais, quand l’homme et la femme se connaîtront, et qu’ils seront séduits, c’est dans l’intimité qu’ils découvriront qu’amour est plein de sens. Se trouver en amour est affaire personnelle, et seulement pour deux êtres. Amour se développe à l’intérieur d’eux. Il construit leur force, leur attractivité. Il soutient leur alliance et sa continuité. Les autres sont loin de leur vie. 
L’amour ne fait pas l’objet d’une instruction que l’école transmettrait, il n’est pas non plus donné en héritage, comme les meubles d’un grand-père ou les bijoux d’une tante. La plupart des livres sur l’amour sont très souvent abstraits, théoriques ou idéalistes. Sa manière d’être nous échappe. On se trouve pris, on ne sait pas quoi faire. Alors, on rêve. Et ce n’est qu’ensuite que l’on commence à réfléchir. Toute première rencontre est un événement impossible à prévoir. Ce qui arrive d’abord, car on ne sait pas faire mieux, ce sont de discrètes approches ou bien des questionnements sur de petits riens. L’espoir nous pousse l’un vers l’autre, avec hésitation, avec timidité. Enfin, un jour, un élan se produit, et tout est spontané. Les choses se passent de loin avant qu’on ne soit proche. Nos esprits suivent nos cœurs, et une histoire débute. On ne s’y attendait pas, quand on se rend enfin compte qu’elle vient de commencer. L’amour vient de lui-même ou bien il ne vient pas. On le sait, on le voit. Encore ne faut-il pas entraver son élan, son mouvement propre. Le hasard bien souvent provoque l’attraction. Au bout d’un certain temps, cet homme et cette femme s’aperçurent, surpris, qu’ils étaient venus se promener tous deux à travers les allées d’un jardin de Paris sans l’avoir décidé. La chaleur de juillet semblait bien avoir réveillé leurs cœurs esseulés. Et d’un commun accord, ils se retrouvèrent auprès d’une fontaine appelée Poésie... 
La rencontre amoureuse est le fruit d’un hasard. Mais dès que cet homme-ci et cette femme-là s’attirèrent l’un l’autre, et que, les yeux dans les yeux, et les bras dans les bras, ils ressentirent le désir de l’autre, alors dès ce moment, le hasard disparut. Après des moultes rencontres et des semaines passantes, lorsque le lien d’amour est là, parfois, on est sans voix, parfois, on est joyeux, parfois, les larmes coulent, parfois, c’est comme un rêve. L’occasion est trop belle. Il faut tenir bon, il faut persévérer. C’est peut-être pour la vie ! Des demandes reprises, des coups de téléphone, certaines lettres secrètes et des petits cadeaux jouent leur rôle nécessaire. L’attirance mutuelle de ces deux amoureux avait surgi d’abord dans leurs regards furtifs. Puis, elle se transféra à la douceur d’entendre la voix de l’être aimé. Bientôt, ils s’étreignirent. Lors d’un repas de jardin avec leurs amis, d’un geste irréfléchi, elle frôla sa main sous la nappe de table. Les convives tout autour ne s’aperçurent de rien. Alors, ses doigts serrèrent cette main masculine, et une chaleur brûlante parcourut tout son corps comme une vague marine. Elle venait de tomber amoureuse. Leurs cœurs, à l’unisson, se mirent à trembler. Peu de choses sont sûres pour nos amours futures. Toute prévision d’amour, qu’elle soit proche ou lointaine, relève bien souvent des devins et des extralucides. Seul le constat final, que l’on tient après-coup, est une preuve par les faits. En amour, on ne peut rien prévoir, on ne peut rien comprendre. Tout arrive au présent. 
Tout n’est à ce moment-là qu’incertitudes, hésitations et approximations. Sans parler du hasard… De même qu’il y a des femmes et des hommes qui se remarquent, s’attirent, se rencontrent et s’unissent, d’autres non. Notre futur commun se dessine ou bien ne se dessine pas… Amour et liberté forment un couple d’avenir, bien que déconcertant. Il donne à nos envies une fragilité qu’on voudrait ignorer. Mais cette fragilité est nécessaire pour que fleurissent en nous de profonds sentiments d’attachement réel. Et des années plus tard, quand on s’en ressouvient, les deux cœurs tremblent encore et battent à l’unisson. Pendant plusieurs semaines, cet homme et cette femme ne se parlèrent pas, tant leurs cœurs étaient pris par un souhait mystérieux. Ce n’était déjà plus une simple rencontre. Ils en étaient venus à une sorte d’échange, à la fois silencieux, par transmission de pensée, et très évocateur de ce qu’ils découvraient l’un pour l’autre chaque jour. Leurs marches revenaient dans les détours sans fin de la ville de leur rêve. Dans les rues grises et blanches, des pluies fines les suivaient, comme dans une osmose avec leurs cœurs transis. Chaque matin, ils revenaient à leur lieu de rendez-vous. Et leurs yeux se souriaient comme des rayons de soleil… |
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Source :
Alain Hussenot
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